Quelque chose cloche. Ce n’est pas pour dire, mais José et sa petite sœur Lison ne sont pas vraiment rassurés. Ils tardent vraiment à revenir, ces parents partis acheter des cigarettes… C’est qu’on en a besoin de ces parents qui font à manger et mettent de l’ordre dans la maison. Qu’à cela ne tiennent, il n’y a qu’à aller en chercher d’autres au supermarché ! Et comme c’est nous qui les avons choisi, ils feront ce qu’on voudra. On va bien en profiter…
L’histoire de Taï-Marc Le Thanh dépeint avec un humour discret une tranche de vie inhabituelle. Cet espace de vide où s’engouffrent volontiers deux enfants livrés à eux-mêmes, dans lequel leur imagination et leurs désirs vont trouver à s’exprimer, jusqu’à la limite du jeu. L’auteur inverse les rôles, et touche du doigt ce paradoxe inusable des enfants qui veulent s’affranchir, jusqu’à un certain point où la réalité reprend ses droits.
Rebecca Dautremer investit elle aussi avec talent cet espace dépouillé de tout superflu, limitant le décor à quelques détails choisis avec soin. Le reste est fait d’ambiances, de proportions étonnantes, du détail des choses qui ne vont pas dans le paysage et qui font que réalité et rêves se mêlent à l’instant.
Un album très réussit et toujours un plaisir pour les yeux, à lire à partir de 6 ans.
Le grand courant d’air, de Tai-Marc Le Thanh et Rebecca Dautremer aux éditions Gautier-Languereau