Sortie en salle : 26 juin 2012
Réalisateurs : Declan Donnellan, Nick Ormerod
Avec : Robert Pattinson, Uma Thurman, Kristin Scott Thomas, Christina Ricci, etc…
Bel Ami, grand classique de la littérature française, œuvre incontournable de Maupassant sur laquelle de nombreux lycéens ont bûché, vient de connaître une adaptation américaine. Il est, au premier abord, surprenant, voire gênant, de se plonger dans ce Paris du XIX ème siècle dans une langue qui n’est pas celle de Molière. Le premier contact avec le long métrage n’est donc pas simple, et beaucoup pourrait être tenté de le découvrir doublé en français. Grave erreur, le jeu des acteurs en serait quelque peu changé.
Car ces acteurs justement, ont été choisis avec soin. Uma Thurman prend son rôle de maitresse femme à la perfection, Kriston Scott Thomas nous fait pitié avec beaucoup de talent et la toujours fraîche Christina Ricci brille, de son côté, dans un personnage léger mais ô combien salutaire pour le héros.
Le héros d’ailleurs, Georges Duroy, est revenu à Robert Pattinson, que certains ne connaissent que par son rôle dans Twilight et par les cris des jeunes femmes en émoi qu’il suscite. Pattinson joue son rôle de personnage sombre avec beaucoup de cœur, multiplie les mimiques et les regards noirs. Son jeu convainc par les efforts de l’acteur à se plonger dans la peau d’un homme sombre et calculateur, mais terriblement humain finalement. N’en déplaise, donc, à ses détracteurs.
On ne retirera pas à ce Bel Ami à l’américaine son casting réussi. Mais comme toute adaptation d’une œuvre littéraire à une production cinématographique, les amateurs de la première auront du mal à retrouver tout ce qui fait le charme et le caractère du roman de Maupassant. Que les lycéens, étudiants en lettres ou quiconque voulant s’éviter la lecture de ce livre soient prévenus, Bel Ami, le film, ne touche que du bout du doigt les grands thèmes de Maupassant.
C’est donc ce que l’on reprochera surtout à ce film, qui semble se montrer frileux à vouloir exploiter quelques points essentiels du livre. On y retrouve toujours un jeune journaliste arriviste, qui croit manipuler les femmes pour arriver à la gloire alors que celles-ci se jouent également de lui, et avec sans doute nettement plus de talent.
On devine la noirceur du contexte, le trouble des relations entre les différents protagonistes, on « sent » toute la profondeur de l’œuvre sans jamais vraiment la voir. Ceux qui ont lu Maupassant resteront sur un goût d’inachevé, les autres passeront à côté de l’essentiel du roman. En moins de deux heures de temps il fallait aux réalisateurs contenir des mécanismes ambiguës, concernant à la fois un monde journalistique corrompu et méconnu, mais aussi des relations humaines très froides et ô combien malsaines.
Declan Donnellan et Nick Ormerod ne passent pas tout à fait à côté de leur adaptation. Si leur copie manque de profondeur, elle se laisse apprécier pour ce qu’elle est, c’est-à-dire une tentative d’être fidèle à l’œuvre originelle.