Cinquante Nuances de Grey, Fifty Shades of Grey en VO, tout le monde en a entendu parler lors de son lancement en octobre dernier. Le roman fait grand bruit, on s’enthousiasme ou on s’offusque. Cinquante nuances de Grey n’est pas un roman banal, c’est un roman dit « érotique ». Il ne s’agit pas d’un livre façon « harlequin », Fyfty Shades va un peu plus loin : il annonce faire appel à des accessoires, à des techniques sado-maso, et nous les décrire sans autres fioritures. Ce roman érotique est un succès, 40 millions d’exemplaires ont été vendus à travers le monde. Curiosité, envie de pimenter une vie sexuelle un peu morne, 40 millions de personnes ont franchi le cap pour lire le tenant de ce premier tome. Et nous avec. L’enthousiasme qui a motivé ces lecteurs nous laisse songeur quant aux besoins et envies qui dominent, des besoins et des envies partagés qui plus est dans le monde entier. Et nous forcément, ça nous rend encore plus curieux.
Autant vous dire que si vous souhaitez partager à votre tour l’aventure Fifty Shades, autant vous arrêter à ces lignes, nous risquerions de vous en apprendre trop. En même temps, vous en savez déjà beaucoup et même déjà trop. Cinquante nuances de Grey est bien un roman érotique. Mais finalement pas si sado-maso qu’attendu. Si vous pensiez lire « fouets, menottes et cravaches » à longueur de pages vous serez déçus.
On perçoit plutôt le roman de EL James comme une aventure romantique où les clichés pleuvent. Grey est sublime, milliardaire, jeune, dispose d’un charisme absolu et d’un attribut « énorme ». Ana, étudiante, est vierge, belle (mais ne le sait pas), timide mais pertinente. Les deux se rencontrent et se joue alors entre eux un début de relation originale. Grey a des tendances sexuelles particulières, mais sa rencontre avec la douce Ana risque de changer bien des nuances. L’amour est un grand pouvoir, n’est-ce pas… Romantique, nous vous le disions. Et puis psychologique, car vous imaginez bien que la perversion de Grey prend sa source dans une enfance malheureuse et blessée, ce qu’Ana découvrira et aura de ce fait encore plus envie de le choyer…
L’aventure est romantique, un peu niaise même. Oui, il y a bien du sexe, des scènes très détaillées, des moments de soumission également. Mais finalement, tout ceci n’est qu’anecdotique dans cette relation naissante. On s’ennuie beaucoup du coup à lire tous ces sourires échangés, entendre ces soupirs, ces états d’âmes…
Cinquante nuances de Grey est très accessible du point de vue de l’écriture, forcément. Et surtout, surtout, il use des mécanismes qui fonctionnent à merveille sur un public précis : un peu de suspens (« ciel ? Ana va vraiment quitter Grey ? »), des bons sentiments, un peu de bad boy, une lecture rapide qui appelle au Tome 2, puis certainement au Tome 3. Le style de mécanismes qui fait vendre.
Car oui, il y aussi un tome 2 et un tome 3. Nous nous arrêterons au Tome 1, Grey et Ana s’en sortiront très bien sans nous. Autant de tapage pour pas grand chose finalement. Mais EL James vend du rêve, un peu niais mais du rêve, et c’est visiblement ce que recherche le public.
Cinquante nuances de Grey, Fifty Shades T1, E.L. James, aux éditions JC Lattès.
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